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Insiang

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les avis de Cinemasie

1 critiques: 3.5/5

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3 critiques: 4.08/5

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Illitch Dillinger 4.25
Bastian Meiresonne 4.25
Mounir 3.75


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L'amour en pâture

Afin de mieux appréhender l'actuel renouveau du cinéma-vérité du cinéma philippin et – notamment – le succès (plus critique que public) des films de Brillante Mendoza, il convient de se pencher sur les classiques trop méconnus du cinéma philippin. Il n'est pas si longtemps, moins d'une trentaine d'années, un autre homme était considéré l'ambassadeur unique du cinéma philippin: Lino Brocka. Un homme, qui jouissait d'un statut privilégié, en voyant nombre de ses films systématiquement sélectionné au prestigieux festival de Cannes à la fin des années 1970 et au milieu des années 1980. Un homme, qui n'aura pourtant jamais pu prétendre à la reconnaissance publique, qu'il aurait mérité et dont le nom est aujourd'hui quasi oublié dans le conscient collectif, ses œuvres difficilement visibles et pas du tout distribués dans les réseaux officiels – du moins français.
 
Réalisateur entre art et commerce, il aurait enchaîné le meilleur, comme le pire; mais même ses œuvres commerciales portent indéniablement sa patte et sont reconnaissables entre tous.
 
"Insiang" est à la fois son œuvre d'auteur parmi les plus abordables et les plus abouties. Comme souvent, il s'agit d'une descente aux enfers dans le quotidien d'un bidonville (à la différence du scénario original, ce sera le quartier plus impressionnant cinématographiquement de Tondo, plutôt que celui du quartier des maisons closes et bars de nuit Pasay, qui servira de lieu d'action), qui conte l'histoire très simple de gens ordinaires; soit le triangle amoureux constitué par la mère Tonya, amoureuse du boucher Dado, qui n'a d'yeux pour la belle Insiang. Un huis-clos quasi étouffant, où la fille devra écouter nuit après nuit les ébats amoureux de sa mère (qu'elle aime, mais dont elle 'na pas vraiment envie de partager ces moments d'intimité) et de Dado (qu'elle arbore par-dessus tout et souffre d'entendre donner "du plaisir" simulé à sa mère) et sera humiliée en devant uriner face à celui qu'elle déteste par-dessus tout en raison de la proximité et pauvreté de l'endroit. Elle n'aura d'ailleurs aucun échappatoire possible, le jour où Dado ne pourra plus retenir son envie pour elle et la coincera dans un coin de la maison pour la violer.
 
La descente aux enfers ne sera que plus douloureuse, Insiang ne trouvant refuge et compassion auprès de personne à commencer par sa mère, rendue aveugle par l'amour, qui prendra le parti de son amant jusqu'au fiancé d'Insiang, qui se sentant humilié, va lui faire payer très cher ce viol.  
 
Le réalisme exacerbé du film (entrecoupé par des images assez dures montrant Dado dans son travail au quotidien en train de trancher la gorge des porcs et des vaches et à dépecer les carcasses de viande) donne une note d'autant plus authentique à l'ensemble et Brocka sait faire parler les nombreuses sous-entendus métaphoriques, caractéristiques de n'importe quel vrai artiste (les images de boucherie en résonnance avec le quotidien des femmes / avec le malheur à venir; le manque de sucre en résonance avec le manque de tendresse dans le quotidien des femmes…).
 
A noter que la seule scène mélodramatique du repentir d'Insiang est une scène explicitement demandée d'ajouter par la censure philippine de l'époque, qui refusait l'impunité d'Insiang.
 
Du très, très grand cinéma social, qui reste également le témoignage privilégié d'une époque en rendant compte avec minutie d'un misérabilisme humain toujours existant de nos jours.


26 octobre 2009
par Bastian Meiresonne


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